« Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon sont des chiffonniers d’Internet, Facteur Cheval du found footage, qui mènent des enquêtes en fouillant l’espace de l’hyperinformation, en racontant des fables post-cybernétiques et en bricolant des modes de vie alternatifs, sous forme de films, de livres et d’installations. » – Clémence Seurat
Ils luttent contre l’obsolescence programmée de l’humanité (Cyborgs in the Mist), dénoncent l’automatisation du traitement des produits, de la vie et des données (Erewhon, The World as an Automated Warehouse, Stockorama), demandent aux chercheurs de vivre dans la forêt, nus mais connectés au réseau (World Brain), expérimentent des modes de vie alternatifs dans la société de l’hyper-information (Controlled Schizophrenia Laboratory), enquêtent sur l’Umwelt de l’Internet (Globodrome, Society as Cloud, Telepathic Mice, Haunted by algorithms), collecter des images virales de la société du trash (Dance Party in Iraq), explorer la mythologie de l’aéroport international (Psychanalyse de l’aéroport international, Terrorism Museum), organiser des burn-out (Neoteny Institute for the End of Work, Work Theme Park La Défense), promouvoir l’amour inter-espèces (Cat Loves Pig, What does it feel like to be a firefly ? ), capter l’énergie vitale qui circule dans les montagnes artificielles (A Visual History of Artificial Mountains), dériver avec des technologies de géolocalisation à contre-emploi (Moillesulaz Full Scale, Random GPS), construire des paradis miniatures habitables (Emma, Umwelt, Eden, On and On), analyser la ville après l’espace public (Voluntary Prisoners of the American Dream, After Vegas), détourner un moteur de recherche (What Are You ? , Googlehouse), inventer des utopies de périphérie (Hypnorama, Vincennes Zoo Research Lab, Utopia Factory Abraxas, Sex Park), arpenter le globe virtuel (Globodrome, Blackpool-Manchester), parcourir la banlieue parisienne (Postcards from the Paris Suburbs, Lost in Créteil), déambuler dans des îlots de béton (La Défense Endless Tour, Voyage immobile).
Stéphane Degoutin nous rejoindra pour nous donner un aperçu de son processus créatif et de son exploration thématique à travers l’analyse de trois de ses films : Cyborgs in the Mist, World Brain et The House That Wishes You Well.
Cyborgs in the Mist
Le film Cyborgs in the Mist se déroule dans un quartier de Saint-Denis qui concentre différentes utopies visant à transformer le monde, et dresse un portrait de la société moderne comme processus d’atomisation. L’enquête débute à la Villa Coignet, monument abandonné de la technique du béton armé, se poursuit dans l’usine de farines animales Saria, puis explore l’un des plus grands data centers d’Ile-de-France, ainsi que des entrepôts de livraison et des églises évangéliques. Un groupe de chercheurs investit la Villa Coignet et crée le laboratoire LOPH, qui lutte contre l’obsolescence programmée de l’homme.
World Brain
« World Brain ressemble à un labyrinthe avec l’idée d’un cerveau mondial servant de centre virtuel », Andreas Rauth, Jitter magazine
World Brain est à la fois un essai cinématographique, une carte en ligne et une installation vidéo. Il propose une excursion à travers le folklore et les croyances liées à l’internet. Il explore les histoires cachées des centres de données, le magnétisme animal, revient sur les mythes originels du Web, s’intéresse à la vie intérieure des rats, aux expériences avec les réseaux de communication naturels, à un groupe de chercheurs qui tentent de survivre grâce à Wikipédia, à la connexion de chatons avec des pierres…
Voir la carte du projet.
La maison qui vous veut du bien
Amazon commercialise une sonnette vidéo appelée « Ring », à installer sur la porte d’entrée de sa maison. Reliée à une serrure électronique, elle permet d’ouvrir à distance la porte de son domicile, pour recevoir des livraisons, par exemple. Ring est équipé d’une caméra, qui filme à tout moment ce qui se passe devant elle. Vous pouvez le regarder sur votre smartphone, où que vous soyez.
Le film Ring propose un montage des vidéos les plus ambiguës captées par les sonnettes. Connectées à Internet, ces innombrables caméras deviennent des détecteurs, des mouchards, des témoins de points de vue improbables. La captation non autorisée du voisinage, l’espionnage organisé entre voisins et l’accessibilité des vidéos à la police municipale transforment le grand rêve de la maison automatisée en cauchemar paranoïaque. Le moindre signe capté – le vol d’un papillon, un chien perdu, l’ombre d’un promeneur… – devient suspect et hante les occupants de la petite maison blanche.
Des logiciels, programmés pour détecter des comportements, ou des réseaux neuronaux entraînés à reconnaître des visages… (peut-être assistés par des click workers payés pour traquer votre ex.) captent, annotent, data-minent, transforment la masse de données, filtrent par détection biométrique assistée par deep learning, selon une liste de gestes suspects, balancent leurs résultats aux officiers de police publique ou aux agences de renseignement…
Un réseau d’espionnage privé se constitue progressivement sur la base du peer-to-peer. Le voyeurisme entre dans sa phase profonde.
Informations pratiques
Date : Vendredi 27 septembre 2024
Heure : 14:00-17:00
Lieu : Pianofabriek (rue du Fort 35, 1060 Saint-Gilles)
Entrée gratuite, sur inscription uniquement (nombre de places limité).
Si vous souhaitez participer, veuillez nous envoyer un mail à l’adresse suivante : soundimageculture@gmail.com