Case Study: Episode III: Enjoy Poverty

Sur la base d’une comparaison entre les films « Enjoy Poverty » et « White Cube » de Renzo Martens, Jan De Coster (monteur) explore la manière dont la perspective narrative et les processus d’identification façonnent l’expérience du spectateur.

Lorsqu’il s’agit d’expérience, il est souvent question de distance, de « la bonne distance ». L’image ne doit être ni trop éloignée, ni trop proche. Il doit y avoir suffisamment d’espace dans la relation avec l’image regardée, sinon l’expérience reste insaisissable.

Dans un film, la distance est si mince que, bien que l’expérience soit intrusive, le spectateur est prisonnier de l’image.
Dans l’autre film, le point de vue narratif est moins serré, la distance plus grande, mais l’implication moindre.
Il est souhaitable qu’un film vise à changer le spectateur, l’autre, le monde.

« Enjoy Poverty » (Renzo Martens, 2008) est une étude sur les positions politiques de l’art contemporain occidental, souvent célébré mais souvent au détriment d’une autre forme d’exploitation. Martens critique cet aspect de l’art contemporain en répétant le processus. Le film ne prend pas clairement position contre l’injustice et l’exploitation ; il se déroule plutôt comme une critique en soi et ne se réfère qu’à lui-même.

« White Cube » dépeint la relation entre les musées d’art occidentaux et la violence du système des plantations. De nombreux musées sont construits grâce aux bénéfices tirés des plantations. Dans « White Cube », les travailleurs congolais des plantations créent un nouveau précédent. Ils parviennent à utiliser le concept du « cube blanc » pour racheter leurs terres aux sociétés de plantation internationales et les préserver pour les générations futures.

Episode 3: Enjoy Poverty

Réalisé par Renzo Martens
Montage: Jan De Coster
Dramaturgie: Eric Vander Borght
Production: Peter Krüger, Inti FIlms

Épisode 3 : Enjoy Poverty étudie les valeurs émotionnelles et économiques du produit d’exportation le plus lucratif et à la croissance la plus rapide d’Afrique : la pauvreté filmée et photographiée.

Le film montre également que les pauvres qui fournissent la matière première ne profitent pas des exportations traditionnelles telles que l’or, le caoutchouc, le cacao ou le pétrole.

Pendant deux ans, Renzo Martens a entrepris un voyage épique pour révéler le système et les structures qui maintiennent l’Afrique dans la pauvreté. Au fin fond du Congo, il lance un programme d’émancipation qui aide les pauvres à tirer profit de « leur » pauvreté.

Mêlant journalisme d’investigation, satire et autocritique, « Episode 3 » est ingénieusement provocateur et surprenant, souvent ironique et hilarant, mais le miroir qu’il nous tend est inévitablement triste.