Programme Focus

    Focus: Boundary Encounters

    AUX BORDS DE LA FICTION

    « Il existe un mouvement constitutif de la fiction moderne, qui déplace son centre de gravité depuis son coeur traditionnel, constitué par les noeuds des événements narratifs, vers ces bords où la fiction se trouve à sa possible annulation …des bords où la fiction accueille le monde des êtres et des situations qui existaient auparavant à ses marges: les événements insignifiants entre ce qui arrive et ce qui simplement passe.

    Ce sont aussi les frontières incertaines entre ce qui est réel et ce que l’on invente.

    Ce sont enfin les bords où le récit qui entend documenter le réel, s’approprie des formes de la fiction déclarée. »

    Jacques Rancière – Les bords de la fiction.

    Récompensé aux Oscars, le film de Chloe Zhao,« Nomadland » est l’exemple parfait de cette nouvelle tendance de fiction moderne qui joue à brouiller les pistes des genres.

    Dans « Nomadland » (2020), le personnage principal est joué par une actrice qui rencontre une grande « famille » de personnes bien réelles. Non professionnels, ces acteurs du réel jouent leur vie. Le film est une plongée dans la survie des travailleurs précaires.

    On peut affirmer que ce type de démarche ouvre de nouvelles perspectives à la fiction en s’éloignant des formes traditionnelles de narration et de production.

    De narration, parce qu’elle laisse de côté la causalité paradoxale aristotélicienne dans laquelle les personnages actifs passent de la fortune à l’infortune et de l’ignorance au savoir. Principe de base, dans lequel la vérité s’impose comme retournement des apparences.

    De production, parce qu’elle renonce aux modes traditionnels de production industrielle, dans lesquelles un scénario est destiné à être exécuté pendant un tournage au temps de plus en plus court et avec une équipe importante.

    De l’autre côté du spectre, plusieurs films dont la source est le réel s’approchent de la fiction par l’inclusion des mécanismes issus de la fiction dans leurs dispositifs.

    Déjà en 1989 , Robert Kramer pour son film « Route one », suit la traversée du territoire américain par un médecin qui revient du Vietnam. Et ce n’est qu’à la toute fin du film que nous apprenons que le médecin est…un acteur.

    « Nomadland » catalogué comme « fiction » et « Route One » comme « documentaire », utilisent un personnage principal, « un opérateur de fiction » pour traverser un territoire réel et rendre compte d’un temps présent.

    De l’un et l’autre côté de cette ligne inventée par l’industrie (documentaire/fiction) apparaissent des oeuvres qui flirtent sur cette frontière et la transgressent.

    Du côté de la fiction ces oeuvres convoquent le réel comme partie intégrante de leur matière.

    Du côté du documentaire, elles réorganisent l’information à travers des personnages, une histoire et se servent des structures narratives afin de s’approprier autrement du réel.

    Peut-on appeler ces oeuvres d’hybrides ?  Des transgenres ?

    Peu importe. Elles vivent au bord, dans les limites.

    Elles questionnent les modes de représentation.

    Elles brasent les événements insignifiants de l’existence quotidienne et la brutalité d’un réel qui ne se laisse pas inclure. Elles découvrent des mondes et produisent des rencontres inattendues. Elles sont créatrices d’un style issu de leur rapport au réel et affirment un mode de production léger et contemporain.

    Elles inventent d’autres « héros », plus proches de la banalité quotidienne,  « des héros qui n’attendent pas grande chose de leur action, car la plupart des humains, à proprement parler, n’agissent pas ».  J. Rancière.

    La Belgique et en particulier la Fédération Wallonie Bruxelles, est riche de ce genre d’oeuvres qui ont la reconnaissance de grands festivals tel que Cannes, Berlin, Locarno.

    Des cinéastes, nourris d’expériences documentaires et en même temps proches de la fiction ou du théâtre, tentent de faire bouger les lignes et se placent ainsi aux bords de la fiction. Emmanuel Marre, Claude Schmidt, Jorge Léon, Bénédicte Liénard, Paloma Sermon-Daï , pour n’en citer que quelques-uns !

    S’appuyant sur l’expérience du travail de SIC dans le développement d’oeuvres artistiques, ce projet d’étude prolonge cette expérience sous la forme d’un programme public de mise en commun et réflexion.

    Programme

    « L’hybride , ligne de crête entre fiction et documentaire ».

    3 Journées consacrées aux dispositifs en compagnie des cinéastes. 3 projections par jour, où s’alternent de pure convivialité afin de convoquer d’autres publics.

    Mise en valeur des films de la Fédération Wallonie Bruxelles : Projections et tables rondes en présence des cinéastes et des producteurs.

    Etudes de « cas » tel que « D’un château l’autre » ou « Rien à foutre » – Semaine de la Critique Cannes 2021 – Emmanuel Marre.

    Des philosophes et des praticiens internationaux rejoignent des artistes belges dans des échanges croisés y compris avec ceux qui sont actuellement ou ont précédemment participé au programme SoundImageCulture.

    Rencontres avec le public autour des débats des projections, dialogues mise en scène et des moments de libre convivialité, comme des performances improvisées, des repas.

    Programme ouvert aux étudiants des Ecoles de cinéma – Insas, Iad, Inraci, Ritcs, Erg…..

    Partenaires de SoundImageCulture : Beursschouwburg, Pianofabriek, Bozar, VGC, VAF.

    L’APPROPRIATION DU RÉEL VIA DES OPÉRATEURS DE FICTION

    Les cinéastes que nous presentons ont été sélectionnés en raison des choix esthétiques et narratifs qui repoussent les frontières du travail documentaire, en explorant des dispositifs et des stratégies fictionnelles diverses.

    Autrement dit, alors que ces cinéastes utilisent des dispositifs fictifs, ici, ils le font à partir et dans le contexte d’un travail sur le réel.

    Dans les cas de leurs films, ces strategies permettant un engagement ludique et stimulant avec l’histoire
    et la mémoire. Des figures sont ramenées du passé, animées et incarnées pour rouvrir et réaborder des traumatismes ou des événements antérieurs qui sont passés entre les mailles du filet ou restés dans l’ombre de l’histoire.

    Tout en s’appropiant du réel ces dispositif sont créateurs d’empathie et s’approchent ainsi du public. Ils cherchent des formes qui permettent d’aborder aussi les questions de territoire et d’accès.

    Les cinéastes questionnent et interrogent les zones frontalières, les espaces extra-territoriaux et les zones entre espace privé et espace public. Ils ouvrent la possibilité d’accéder et de réimaginer des espaces qui sont hors limites.

    Ils déballent du matériel historique qui a autrement été enterré ou ignoré.

    Ce processus de révélation et de réanimation est intrinsèquement politique car il nous encourage à confronter ces histoires qui n’ont pas encore été racontées aujourd’hui. En nous montrant ceux qui n’est peut-être pas immédiatement visible mais toujours ressenti, les cinéastes nous confrontent à des expériences et des histoires qui ont toujours été là, mais qui sont restées cachées, attendant l’occasion d’être révélées aux autres.

    Ils créent, pour le spectateur, d’autres formes d’experience cinématographique du matériel documentaire et par là, ils insufflent des nouvelles subjectivités politique.

    En parallèle aux projections des films et débats avec le public, il y aura des interventions de type théorique, des auteurs relevant de la philosophie et critique du cinéma.

    Réalisateurs et films proposés

    D’un Chateau l’Autre
    Printemps 2017. Étudiant boursier dans une grande école parisienne, Pierre, 25 ans, loge chez Francine, une retraitée de 75 ans clouée dans un fauteuil roulant. Ils assistent perplexes à la kermesse électorale de l’entre-deux tours de la présidentielle, qui bat son plein.

    EMMANUEL MARRE

    Cinéaste français né le 21 juin 1980 à Cormeilles-en-Parisis. Emmanuel Marre a fait ses études Institut des arts de diffusion en Belgique. Son premier long métrage, Rien à foutre, réalisé avec Julie Lecoustre, est sélectionné à la Semaine de la critique du Festival de Cannes 2021

    INCANDESCENCES

    Au travers du fantasme d’immortalité, Incandescences entend questionner nos désirs, nos peurs et nos aspirations brûlantes à dépasser les limites de notre finitude dans un monde dont on ne cesse d’annoncer la fin. Lucy, notre ancêtre de trois millions d’années, dont la voix et le corps seront inventés pour le film, rejoint notre présent et en livre ses perceptions, ses réflexions, ses perspectives, ses projections. Elle devient ainsi la guide lucide et critique d’une méditation cinématographique célébrant la vie malgré les choix sociaux, écologiques et politiques qui tendent à la menacer.

    JORGE LEON

    Jorge León a étudié le cinéma à l’INSAS de Bruxelles. Au début de sa carrière, ses intérêts tournent principalement autour du film documentaire. Sa pratique croise celle de nombreux artistes de la scène tels que Meg Stuart, Benoît Lachambre et Simone Aughterlony. Cela a généré de multiples collaborations artistiques.

    Ses films Vous êtes Servis (2010), Before We Go (2014) et Mitra (2018) ont été projetés dans des festivals internationaux. Ils ont été récompensés à plusieurs reprises par de nombreux prix. En 2019, Jorge a été récipiendaire de la Bourse de Recherche Artistique (FRART) décernée par le FNRS en Belgique. Jorge enseigne à l’Insas et est également membre de l’équipe artistique SIC (SoundImageCulture). En tant que conférencier invité, il est souvent convié à parler de sa propre pratique artistique à travers des lectures et des présentations.

    Jorge discutera de son travail en cours intitulé Incandescences.

    BRAQUER POITIERS
    Davantage pieds nickelés que bandits, Francis et Thomas prennent en otage Wilfrid, propriétaire d’une station de lavage auto, source de quelques poignées d’euros quotidiennes. Syndrome de Stockholm à l’oeuvre chez Wilfrid, mais à sa manière très personnelle, le voilà qui prend aussitôt goût à la situation, qu’il se plaît même à théoriser amplement, tandis que l’incertitude gagne les deux compères rejoints par leurs amies venues du Sud.

    CLAUDE SCHMITZ

    Claude Schmitz vit et travaille à Bruxelles. Il est diplômé de l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle (INSAS) en mise en scène.

    Il est artiste associé aux Halles de Schaerbeek et ses spectacles ont été présentés à plusieurs reprises au KunstenFESTIVALdesArts ainsi qu’au Théâtre National, au Palais des Beaux-Arts, aux Halles de Schaerbeek, au Théâtre la Balsamine, à la Filature Liège, au Salzburger Festspiele, à l’HumainTROPHumain, au CDN de Limoges, au Théâtre de l’Onde, au Centre d’Art, etc. Actuellement, il a réalisé trois moyens métrages. NOTHING BUT SUMMER a été projeté au Cinéma du Réel et à Brive FF où il a remporté le Grand Prix d’Europe. Son dernier film, BRAQUER POITIERS (2018), a été sélectionné au FID International Film Festival de Marseille.

    PETIT SAMEDI

    Damien Samedi a 43 ans. Quand il était enfant, dans son village wallon en bord de Meuse, on l’appelait le Petit Samedi. Pour sa mère Ysma, Damien est toujours son gamin, celui qu’elle n’a jamais abandonné lorsqu’il est tombé dans la drogue. Un fils qui a, malgré tout, cherché à protéger sa mère. Un homme qui tente de se libérer de ses addictions et qui fait face à son histoire pour s’en sortir.

    PALOMA SERMON-DAÏ

    Née à Namur (Belgique) en 1993. Après des Humanités Artistiques au sein du conservatoire de Huy, elle entame en septembre 2014 un baccalauréat en Technique de l’Image à la Haute École Libre de Bruxelles. Elle y réalisera trois courts métrages documentaires dont son film de fin d’études Makenzy en 2016, sélectionné notamment à Visions du Réel. Son premier long métrage Petit Samedi a été présenté à la Berlinale Forum en février 2020.

    GHOST HUNTING

    Raed Andoni place une annonce dans un journal à Ramallah. Il recherche d’anciens détenus du centre d’interrogatoire Moskobiya à Jérusalem. Dans son annonce, il demande que les hommes aient également de l’expérience en tant qu’artisans, architectes ou acteurs. Afin d’affronter les fantômes qui le hantent, Raed Andoni rassemble ce groupe éclectique d’ex-prisonniers pour recréer Al-Moskobiya, le principal centre d’interrogatoire d’Israël, où il a lui-même été incarcéré à l’âge de 18 ans. Jour après jour, ces ouvriers du bâtiment, un forgeron, un architecte, un assistant réalisateur donnent forme à leurs souvenirs de leur survie avec courage et humour. Au fur et à mesure que les parois des cellules s’élèvent, les langues et les émotions se délient.

    RAED ANDONI (réalisateur, Palestine)

    Raed Andoni est né à Amman en Jordanie en 1967, c’est un réalisateur et producteur palestinien qui a commencé sa carrière dans l’industrie cinématographique en 1997 en tant que producteur indépendant. Il est co-fondateur de la société de production Dar Films à Ramallah et Les Films de Zayna à Paris. Pour son premier long métrage documentaire, Fix Me, Andoni a filmé 20 séances de sa propre thérapie à Ramallah. Mettant en vedette une gamme colorée de personnages, y compris des membres de la propre famille d’Andoni, Fix Me explore le besoin de trouver l’individualité dans un lieu si dominé par la conscience et l’identité collectives. Fix Me a été projeté pour la première fois à Sundance et à Cannes. Le deuxième long métrage de Raed Andoni, « Ghost Hunting », a reçu le prix du meilleur documentaire à la Berlinale de 2017.

    EXTINCTION

    Extinction contextualise les histoires et les établissements actuels de la frontière post-soviétique à travers la voix (et son absence) de Kolya, un personnage apatride. Dans le film, Kolya s’engage dans des interviews, séjourne dans les rues et effectue les quarts de travail quotidiens dans une usine de vente d’armes locale. Pendant que la caméra retrace les cathédrales catholiques antiques, les monuments marxistes- léninistes âgés et les forêts non traversées, il se retrouve plongé dans des temporalités et des identités politiques qui ne cessent de se quereller, de se détruire et de se croiser. Le film construit lentement une histoire associative et non linéaire d’un paysage dans lequel les frontières entre passé et présent, documentaire et fiction restent instables.

    SALOMÉ LAMAS (réalisatrice, Portugal)

    Salomé Lamas est une cinéaste et artiste visuelle portugaise qui a montré son travail dans des festivals de cinéma et des musées tels que : Berlinale, Museo Arte Reina Sofia, FIAC, Museu do Chiado à Lisbonne, DocLisboa, Cinema du Réel, Visions du Réel, MoMA (Museum of Modern Art), Museo Guggenheim Bilbao, Harvard Film Archive, Museum of Moving Images NY, Jewish Museum NY, Fid Marseille, Arsenal Institut fur film und videokunst, Viennale, Culturgest, CCB (Centro Cultural de Belém), Hong Kong FF, Museu Serralves à Porto, Tate Modern, CPH: DOX, Centre d’Art Contemporain de Genève, Bozar, Tabakalera, ICA London, TBA 21 Foundation, Mostra de São Paulo, CAC Vilnius, MALBA, FAEMA, SESC São Paulo, MAAT, La Biennale di Venezia Architettura, entre autres.

    ANOTHER PLANET – Amir Yatsiv
    Des rencontres dans des mondes virtuels simulant le camp de concentration d’Auschwitz. Le film suit les créateurs de ces camps virtuels, chacun dans son monde imaginé: un procureur Allemand; des étudiants d’un lycée Israélien; un Israélien développeur de jeux; un graphiste polonais; un architecte Allemand et un historien Israélien. Le film est construit comme une mosaïque dans laquelle l’avatar de chaque créateur explore et se promène dans son propre Auschwitz virtuel. Le film est un voyage dans les profondeurs de la mémoire reconstruite qui révèle l’obsession de la représentation de l’Holocauste.

    AMIR YATZIV (réalisateur, Israël) ex- SIC Participant

    Amir Yatziv est un cinéaste et artiste visuel basé à Tel Aviv. Yatziv s’intéresse aux récits du passé et à leur interprétation contemporaine. Dans ses œuvres et ses films, il crée un sentiment d’éloignement, révélant l’impossibilité d’une seule vérité historique cohérente. Amir est diplôme de la Bezalel Academy of Art and Design à Jérusalem (2008) et de la classe Hito Steyerl à l’UDK Berlin (2010). Ses œuvres ont été présentées dans de nombreuses expositions collectives et individuelles dans plusieurs endroits, notamment à la Tate Modern (Londres), au KW Institute for Contemporary Art (Berlin) et au Van Abbemuseum (Eindhoven), et ses films ont été projetés dans plusieurs festivals de cinéma à travers le monde.

    THE SASHA

    En 1972, l’astronaute Charles Duke a atterri sur la Lune à bord d’Apollo XVI. Il était chargé de prendre des photos de la surface lunaire avec une caméra haute résolution. Questionnant la véracité de la documentation photographique à travers son récit, The Sasha est une enquête sur la perspective humaine sur Terre et notre lutte constante avec nos limites temporelles et spatiales. De l’exploration de l’espace au cyberespace, d’une Lune analogique en 1972 à une Lune virtuelle dans Google Earth aujourd’hui. Une histoire d’univers parallèles où l’éternité semble se perdre entre cadres et interfaces.

    MARIA MOLINA PEIRÓ

    María Molina Peiró est une artiste audiovisuelle et cinéaste espagnole basée à Amsterdam, dont le travail se situe à l’intersection entre le cinéma, l’art contemporain et la recherche. Dans son travail, elle explore les relations superposées entre l’histoire, la technologie et la nature à travers une forme hybride (fiction, documentaire et expérimentale). Elle s’intéresse particulièrement aux frontières floues entre mémoire et imaginaire, naturel et artificiel, science et mysticisme ou entités vivantes et non vivantes.

    Ses œuvres et installations vidéo ont été exposées internationalement dans des centres d’art et des musées tels que Haus der Kulturen der Welt (Berlin), MACBA (Barcelone), Musée du Louvre (Paris), Washington National Gallery, MMCA National Museum of Modern and Contemporary Art (Séoul), Hong-Gah Museum (Taipei), Vilnius National Gallery, EYE Film Museum (Amsterdam), ISEA Korea, London Science Museum, MATADERO (Madrid), Museum of Contemporary Art of Vojvodina, TAIWAN Contemporary Culture Lab et CCCB (Barcelona) parmi autres.

    THE ANABASIS OF MAY AND FUSAKO SHIGENOHU, MASAO ADACHI AND 27 YEARS WITHOUT IMAGES

    The Anabasis of May and Fusako Shigenohu, Masao Adachi and 27 Years Without Images (2011), aborde la question de l’irreprésentable. Il y a trois personnes dans le titre de l’ouvrage. Fusako Shigenobu est la fondatrice de l’Armée rouge japonaise : elle a quitté le Japon en 1969 pour s’installer à Beyrouth. Sa fille, May Shigenobu, est née en 1973 et a vécu sa vie jusqu’à l’âge de 27 ans dans le plus grand secret. Elle a dû cacher son identité pendant les 27 premières années de sa vie, jusqu’en 2000 lorsque sa mère a été arrêtée. Ensuite, elle a pu émerger dans une autre phase de sa vie, c’est à ce moment-là qu’elle est également retournée au Japon. La troisième personne dans le titre est Masao Adachi, un réalisateur et scénariste radical et expérimental, dont le travail est influent dans le cinéma de la nouvelle vague japonaise des années 1960. Il s’est de plus en plus radicalisé politiquement, à la fois dans ses films et dans ses idées, de sorte qu’il a finalement décidé de faire un film sur l’Armée rouge japonaise à Beyrouth et, finalement, il l’a rejointe, passant 27 ans non pas tant comme cinéaste, mais plutôt comme un compagnon de voyage ou une personne qui participe aux activités des armées rouges japonaises. The Anabasis of May and Fusako Shigenohu, Masao Adachi and 27 Years Without Images réunit ces personnages et leurs histoires superposées dans un film hypnotisant qui s’articule autour d’une série d’échanges personnels et de correspondances.

    ERIC BAUDELAIRE
    Éric Baudelaire est un artiste visuel et cinéaste basé à Paris. Après une formation de politologue, Baudelaire s’est imposé comme artiste visuel avec une pratique de recherche. Ses longs métrages Un Film Dramatique (2019), Also Known As Jihadi (2017), Letters to Max (2014), The Ugly One (2013), The Anabasis of May and Fusako Shigenobu, Masao Adachi and 27 Years Without Images (2011) ont largement circulé dans les festivals de cinéma, notamment à Locarno, Toronto, New York, FID Marseille et Rotterdam. Sa pratique artistique, ancrée dans un travail de recherche, comprend également des photographies, des estampes, des performances et des publications qu’il intègre dans des installations autour de ses films. Il est lauréat du prix d’art Duchamp (2019), de la bourse Guggenheim (2019) et du Future of Europe Art Prize (2017).

    HAVEN

    L’’histoire bizarre d’une tour à canon de la Seconde Guerre mondiale abandonnée.
    Elle a été occupée par une famille britannique depuis les années 1960. Initialement destiné à diffuser une radio pirate, la famille a travaillé avec deux cyber-libertaires au début 2000 pour établir le premier havre de données au monde sur la tour.

    Le data-haven, appelé HavenCo a promisêtre le seul endroit vraiment sûr dans le monde pour garder de l’information. La tour, au mileiu de la mer, est un site paradoxal, un espace favorisant la souveraineté et l’autonomie des données, qui est contrôlé par une cellule familiale fermée et isolée.

    JAMES NEWITT (réalisateur, Portugal)
    ex- Participant SIC

    James Newitt est un cinéaste et artiste visuel australien, basé à Lisbonne. Le travail de James aborde des contextes sociaux et culturels spécifiques à travers des approches personnelles, observationnelles et performatives. Ses travaux récents ont de plus en plus adopté des formes spéculatives de narration comme une extension des tendances plus documentaires qu’il continue d’explorer.

    James a exposé son travail dans des musées et des festivals de cinéma, notamment : Carpintarias de São Lázaro, Lisbonne ; la galerie d’art de Nouvelle-Galles du Sud ; Perth Revelation International Film Festival ; Festival du film indépendant d’Oslo ; le Centre d’art contemporain, Glasgow ; Lumiar Cite, Lisbonne ; Galerie d’art du Queensland ; le Musée d’Art Contemporain, Sydney ; la Galerie des Beaux-Arts, Split, Croatie ; Rosalux, Berlin et la galerie d’art d’Australie-Méridionale.

    ERIKA BALSOM (auteur, Royaume-Uni)

    Erika est une écrivaine prolifique et une théoricienne de premier plan dans le domaine du film documentaire, en particulier dans les espaces entre le documentaire et l’art contemporain. Elle apportera son point de vue sur l’image fantôme en partageant ses recherches récentes et sa connaissance approfondie du film documentaire lors du séminaire.

    Erika Balsom est lectrice en études cinématographiques au King’s College de Londres. Elle est l’auteur de TEN SKIES (2021), An Oceanic Feeling: Cinema and the Sea (2018), After Uniqueness: A History of Film and Video in Circulation (2017) et Exhibiting Cinema in Contemporary Art (2013). Elle est co-éditrice de Artists’ Moving Image in Britain Since 1989 (2019) et Documentary Across Disciplines (2016).

    En 2018, elle a reçu un prix Philip Leverhulme et le prix d’essai Kovacs de la Society for Cinema and Media Studies. Elle détient un doctorat en culture moderne et médias de l’Université Brown, une maîtrise en études culturelles du Goldsmiths College et un baccalauréat spécialisé en études cinématographiques de l’Université de Toronto.

    SARA MAGNO (modératrice, Portugal)

    Sara Magno est doctorante en études culturelles
    au Lisbon Consortium (UCP) et à l’Université de Copenhague. Les recherches de Sara portent sur la réalisation de films documentaires dans le domaine de l’art contemporain et la relation entre art et politique. Elle a publié des textes sur le travail de l’artiste portugaise Salomé Lamas et les notions de réflexivité, de documentalité et de parafiction.

    Sara a étudié la photographie et la vidéo à Ar.Co, Center for Art and Communication, à Lisbonne, et à la Gerrit Rietveld Arts and Design Academy, à Amsterdam. En 2014, elle a terminé sa maîtrise en Communication et Art à la Nouvelle Université de Lisbonne, Faculté des Sciences Sociales et Humaines avec la thèse, The Image-Document: Refigurations of the Archive on the Films of Harun Farocki, Hito Steyerl and Filipa César.